L’Afrique doit combler son déficit scientifique et technologique pour tirer pleinement parti de la ZLECAf, déclare Ameenah Gurib-Fakim lors de la cinquième conférence annuelle Babacar Ndiaye d’Afreximbank

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Le Caire, 21 octobre 2021 : Son excellence, la professeure Ameenah Gurib-Fakim, ancienne présidente de Maurice et lauréate du Prix L’Oréal-UNESCO 2007 pour les femmes et la science, a prononcé un discours incisif lors de la cinquième conférence annuelle de l’African Export-Import Bank (Afreximbank) Babacar Ndiaye Conférence sur « l’importance de la science, de la technologie et de l’innovation dans la transformation des économies africaines ».

Elle a appelé les dirigeants africains à combler le fossé scientifique et technologique de la région afin de tirer pleinement partie de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).

La professeure Gurib-Fakim, prononçant le discours d’ouverture lors de l’événement phare annuel de la Banque, a dévoilé une série de statistiques qui ont montré que l’Afrique est loin derrière le reste du monde dans les domaines de la science, de la technologie et de l’innovation (STI). Seulement 0,1% de toutes les demandes de brevet sont enregistrées en Afrique, contre 65% en Asie et 25% en Amérique du Nord.

L’Afrique ne participe que pour 2 % dans la recherche mondiale  et de 1 %  dans les dépenses de recherche. En outre, l’Afrique compte 11 chercheurs par million d’habitants tandis que les pays les plus performants au monde, comme la Corée du Sud et le Danemark, comptent entre 7 000 et 8 000 chercheurs par million d’habitants.

« Comment un continent avec la plus grande part de terres arables, un continent avec la population la plus jeune, un continent qui a alimenté toute la révolution industrielle mondiale, un continent qui a contribué à stimuler l’industrie de la téléphonie mobile, un continent qui est à l’aube de soutenir la transition énergétique mondiale vers une technologie plus verte avec un grand stock de gisements de terres rares acceptent des statistiques aussi lamentables ? », a-t-elle demandé.

Elle a imputé la négligence de la science et de la technologie aux résultats peu flatteurs du développement.  « Le déficit d’investissement dans la science et la technologie et l’absence d’infrastructures économiques et scientifiques ont sapé le processus de transformation économique tant au niveau structurel que sectoriel. Les conséquences de ce déficit ont été importantes et incluent une dépendance continue au modèle colonial d’extraction des ressources, largement responsable du piège débilitant de la pauvreté et du piège de la dépendance à l’aide. »

L’ancienne présidente a fait remarquer que l’échec de l’Afrique à progresser dans les domaines de la science et de la technologie a été aggravé par la fragmentation de ses marchés. Elle a salué la création de la ZLECAf pour avoir surmonté cet obstacle et créé le plus grand marché unique au monde. Cependant, la transformation économique anticipée par le marché du libre-échange dépend du fait que l’Afrique « comble son écart scientifique et technologique avec le reste du monde » et « produise durablement le bon ensemble de compétences pour développer le commerce extra et intra-africain ».

Cela nécessitera une collaboration et des partenariats pour créer les conditions propices au développement de centres d’excellence sur le continent. Les universités, les gouvernements et le secteur privé, a-t-elle fait valoir, devraient collaborer beaucoup plus étroitement pour s’assurer que le financement est là et que les conditions permettant à la science de prospérer soient mises en place. À cet égard, elle a salué le rôle de leadership joué par Afreximbank dans le domaine médical où la Banque soutient la croissance des industries pharmaceutiques et la création d’un centre médical d’excellence.

La professeure Gurib-Fakim a rappelé que le rôle croissant de la technologie qui imprégne tous les secteurs et industries et stimule la croissance était irréversible. Elle a salué les succès de l’Afrique dans certains domaines comme  les paiements via le mobile (mobile banking), donnant l’exemple de M-Pesa qui a été adopté dans le continent après avoir été lancé au Kenya.

Elle a également fait l’éloge du système panafricain de paiement et de règlement (PAPSS) d’Afreximbank, qui est conçu pour faciliter les paiements pour le commerce transfrontalier en devises africaines et atténuer les contraintes de liquidité.

Mais l’un des principaux défis, a-t-elle déclaré, est la fuite des cerveaux continue des scientifiques les plus brillants et les meilleurs d’Afrique.

Elle a encouragé les secteurs privé et public à investir beaucoup plus dans l’éducation, la recherche et le développement. « Chaque jeune Africain a le potentiel d’être un  scientifique, d’innover et de devenir compétitif à l’échelle mondiale », a-t-elle déclaré.

De son côté, le professeur Benedict Oramah, président du conseil d’administration d’Afreximbank, a  déclaré que bien que l’Afrique ait obtenu son indépendance il y a six décennies, elle n’a néanmoins pas réussi à s’émanciper économiquement.

Il a ajouté que l’échec de l’Afrique à sécuriser les équipements liés au Covid-19 tels que les masques faciaux et les ventilateurs, montre que le continent doit commencer à fabriquer ses propres produits technologiques.

Le président a en outre souligné que « si la ZLECAf était une condition nécessaire à la transformation des économies africaines, elle n’était pas suffisante, en particulier dans un monde où le commerce a été largement tiré par les produits manufacturés à grand contenu technologique ».

Parmi l’ensemble des contraintes qui minent la capacité de la ZLECAf à réaliser son plein potentiel, aucune n’est aussi critique que de combler le fossé scientifique et technologique de la région. Il a précisé : « Les pays les plus compétitifs au monde sont également ceux qui sont à la pointe des TIC, de l’innovation, de la recherche scientifique et du développement. L’Afrique ne peut pas rester en queue de peloton. Il a également souligné la nécessité de favoriser la collaboration entre la recherche et l’industrie afin d’améliorer davantage la croissance et l’impact sur le développement des découvertes scientifiques dans la région.

Le président de la Banque a déclaré que l’Afrique comptait autrefois certaines des cités-États et des royaumes les plus riches et les plus industriels – ce qui a été oublié par le reste du monde.
Il a cité l’explorateur portugais Pedro Alvares Cabral qui, dans les années 1500, a débarqué sur la côte de la Tanzanie et a trouvé une terre pleine de riches marchands. Il a également fait référence à Lourenco Pinto, un autre portugais, qui a noté que la capitale du Royaume du Bénin dans le Nigeria d’aujourd’hui, était plus grande que Lisbonne et à la fois industrielle et riche.

La professeure Sarah Anyang Agbor, commissaire aux ressources humaines, à la science et à la technologie à la Commission de l’Union africaine (CUA), a évoqué les plans continentaux visant à stimuler la science et la technologie en Afrique. La CUA a mis en place sa Stratégie pour la science, la technologie et l’innovation pour l’Afrique 2024 (STISA-2024) qui vise, entre autres, à promouvoir la création et la modernisation d’institutions de recherche. Le plan s’inscrit dans l’Agenda 2063 de l’Union africaine (UA), a-t-elle déclaré.

Le Dr Hippolyte Fofack, économiste en chef d’Afreximbank, a conclu l’événement en faisant écho aux déclarations du professeur Oramah selon lesquelles « l’Afrique était l’épicentre et le berceau de l’astronomie et des mathématiques ». Il a fait référence à la communauté Dogon au Mali qui, pendant des siècles, était pleinement consciente de l’existence d’une étoile invisible, Sirius B, bien avant qu’elle ne soit découverte par les astronomes occidentaux en 1970. « L’écart scientifique et technologique actuel de l’Afrique avec le reste du monde est une anomalie historique », a-t-il ajouté.

Cependant, le Dr Hippolyte Fofack a salué les efforts en cours (bien que toujours marginaux) de la part des institutions publiques et privées pour intégrer la science et la technologie dans la région. Il a ajouté qu’Afreximbank a longtemps défendu la technologie et l’innovation en tant que moteurs importants de la croissance économique et de la transformation structurelle de l’Afrique. Remettre l’Afrique sur la voie de la renaissance scientifique est une condition sine qua non pour la renaissance économique et la transformation structurelle du continent.

Lebo Mashile, poète et écrivain sud-africain, a ouvert la conférence avec un poème qui a abordé divers thèmes de l’histoire africaine et l’interaction du continent avec le reste du monde. Répondre à la question fondamentale : Qui sommes-nous ? Joyce Babatunde, l’artiste camerounaise , a conduit l’animation musicale.

La série de conférences Babacar Ndiaye, lancée par Afreximbank il y a cinq ans, honore le rôle fondateur joué par le Dr Babacar Ndiaye dans la création d’Afreximbank. En tant que président de la Banque africaine de développement de mai 1985 à août 1995, il a défendu la création de plusieurs grandes institutions continentales pour stimuler le processus de croissance économique et de transformation structurelle des économies africaines.

 

À propos d’Afreximbank :
La Banque africaine d’Import-Export (Afreximbank) est une institution financière multilatérale panafricaine dédiée au financement et à la promotion du commerce intra et extra-africain. Afreximbank déploie des structures innovantes pour fournir des solutions de financement qui facilitent la transformation de la structure du commerce africain et accélèrent l’industrialisation et le commerce intra-régional, soutenant ainsi l’expansion économique en Afrique.  Depuis sa création, la Banque a beaucoup œuvré pour le soutien aux pays africains en temps de crise. À travers son Dispositif d’atténuation de l’impact de la pandémie sur le commerce (PATIMFA) lancé en avril 2020, Afreximbank a décaissé plus de 6,5 milliards de dollars US  afin d’aider les pays membres à amortir les effets négatifs des chocs financiers, économiques et sanitaires causés par la pandémie du Covid-19.
Soutien indéfectible de l’Accord sur la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), Afreximbank a développé un système panafricain de paiement et de règlement (PAPSS) qui a été adopté par l’Union africaine (UA) comme la plateforme de paiement et de règlement devant appuyer la mise en œuvre de la ZLECAf. Afreximbank collabore avec l’UA et le Secrétariat de la ZLECAf en vue de mettre en place une Facilité d’ajustement visant à aider les pays à participer efficacement à la ZLECAf.
Au 31 décembre 2020, le total des actifs et des garanties de la Banque s’élevait à 21,5 milliards de dollars US et les fonds de ses actionnaires s’établissaient à 3,4 milliards de dollars US. La Banque a décaissé plus de 42 milliards de dollars US entre 2016 et 2020.
Afreximbank est notée A- par GCR , Baa1 par Moody’s et BBB- par Fitch. La Banque a son siège social au Caire, en Égypte.

Pour plus d’informations, contacter : www.afreximbank.com

Amadou Labba Sall, asall@afreximbank.com