Le conférencier principal à la huitième Conférence Babacar Ndiaye à Washington, D.C. le Professeur Yemi Osinbajo, a parlé du rôle de la ZLECAf dans la réponse aux défis du changement climatique et du développement en Afrique.
Washington, D.C. (États-Unis) – 28 octobre 2024 – La huitième conférence Babacar Ndiaye, tenue à l’hôtel Four Seasons à Washington D.C. le 26 octobre 2024, a souligné la nécessité pour les pays africains de trouver un équilibre entre les impératifs de développement à court terme et les objectifs climatiques à long terme.
Sous le thème « Saving Lives Today versus Saving the Planet for the Future: Can the AfCFTA Resolve the Climate Change Dilemma? » (Sauver des vies aujourd’hui c. sauver la planète pour l’avenir : la ZLECAf peut-elle résoudre le dilemme du changement climatique ?), les discussions ont porté sur la manière dont la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), l’initiative commerciale la plus ambitieuse de l’Afrique, pourrait servir de véhicule pour la croissance économique et la durabilité environnementale, positionnant le continent comme un leader de la transition verte mondiale.
La Conférence a attiré un auditoire aussi distingué de décideurs, d’universitaires, d’experts financiers et de défenseurs du climat.
Lors de son allocution d’ouverture, le Professeur Benedict Oramah, Président d’Afreximbank et du Conseil d’administration de la Banque a déclaré : «Dr Babacar Ndiaye était très préoccupé par les menaces à long terme que le changement climatique fait peser sur l’humanité. Un jour, il a dit : « Le changement climatique est la plus grande menace pour le développement, en particulier en Afrique, où des millions de personnes dépendent de l’environnement pour leurs moyens de subsistance… la transformation économique de l’Afrique ne peut se faire sans s’attaquer au changement climatique. »
La réflexion du Dr Ndiaye sur l’impact du changement climatique était pertinente et d’une grande profondeur intellectuelle. « Mais » il est décevant de constater que le débat mondial sur le climat s’est tellement concentré sur la réduction des émissions que la question de l’atténuation de son impact sur l’Afrique et les autres pays en développement a toujours été reléguée au rang de note de bas de page. Un appel à la décarbonisation de l’Afrique, qui ne s’est même pas carbonisée, constitue une sérieuse menace pour le développement socio-économique d’un continent riche en gaz, qui compte au moins six cents millions de personnes sans électricité. »
L’Accord sur la Zone de libre-échange continentale africaine « est considérée comme un puissant moyen de réduction des émissions de carbone. En effet, cet accord aide à domestiquer les activités industrielles et à réduire les émissions de carbone causées par l’expédition de marchandises vers des terres lointaines pour une valeur ajoutée et leur réexpédition vers l’Afrique et ailleurs. Nous pensons que la ZLECAf pourrait offrir une voie vers une transition juste, favorisant une valeur ajoutée industrielle locale tout en protégeant la planète. »
Le Professeur Yemi Osinbajo, SAN, GCON, l’ancien Vice-président sortant de la République fédérale du Nigeria, a prononcé un puissant discours intitulé « infrastructure durable pour l’avenir de l’Afrique : Tirer parti de l’innovation et des partenariats. » Ila souligné avec passion les avantages de la ZLECAf et son potentiel pour transformer le paysage commercial de l’Afrique, réduire les émissions de carbone et promouvoir l’innovation dans les industries vertes.
« Deux avantages évidents découlent d’une ZLECAf pleinement opérationnelle : Le premier est que 42 % des pays africains, à l’exception de l’Afrique du Nord, disposent désormais d’une législation interdisant l’exportation de minerais bruts ou de minéraux avant leur transformation. Cette législation permet aux pays africains de bénéficier d’emplois et de revenus provenant de la transformation et de la fabrication locales.
« Le deuxième avantage de la ZLECAf est que le transport maritime est une source majeure d’émissions de carbone. Selon les pratiques commerciales actuelles, une grande partie des matières premières africaines sont exportées vers d’autres régions, où elles sont transformées ou fabriquées en produits finis, généralement à partir de sources d’énergie fossiles, avant d’être réexpédiées en Afrique pour être consommées. Ce cycle contribue à une augmentation des émissions et constitue une perte pour les pays africains qui ne tirent pas profit de la valorisation de la chaîne de valeur. Le commerce intra-africain de produits finis réduira de manière considérable cette cause massive des émissions mondiales », a-t-il déclaré.
La réduction des émissions par le commerce intra-africain a fait l’objet de plusieurs études empiriques. Le Professeur Osinbajo a fait référence à une récente étude de la CEA/CEPII intitulée « Greening the African Continental Free Trade Area’s Implementation » publiée en décembre 2023. Cette étude, a conclu, entre autres, que la mise en œuvre de la ZLECAf peut stimuler le commerce intra-africain de 35% en 2045 tout en augmentant les émissions de GES de moins de 1%, comparé à l’absence de ZLECAf ou de politiques climatiques.
Ces études ne tiennent pas compte de l’utilisation de sources d’énergie renouvelables dans la transformation et la fabrication de biens échangés, une hypothèse du paradigme de la croissance positive climatique, qui réduirait encore sensiblement les émissions.
Le Professeur Osinbajo a cité comme exemple la bauxite minière en Guinée. Si la Guinée, qui détient 25 % des gisements mondiaux de bauxite, transformait la bauxite qu’elle extrait en aluminium avec des énergies renouvelables en préparation à l’exportation, elle pourrait économiser au monde 335 millions de tonnes d’équivalent dioxyde de carbone (CO2e) par an, soit environ 1 % des émissions mondiales, créer 280 000 emplois et générer 37 milliards de dollars américains de revenus supplémentaires. Si la Guinée choisit de vendre l’aluminium en Afrique, elle économisera à nouveau les énormes frais d’expédition vers des pays situés à des milliers de kilomètres.
Une étude de Bloomberg réalisée pour le compte de la Banque africaine de développement (BAD) en 2021 sur la fabrication de précurseurs de batteries a révélé que la fabrication de précurseurs de batteries en République Démocratique du Congo (RDC), qui contient beaucoup de lithium et de cobalt, coûte trois fois moins cher que la fabrication aux États-Unis, en UE et en Chine. La fabrication en RDC étendrait les opportunités de la chaîne de valeur à d’autres pays africains qui auraient besoin de manganèse de Zambie, de Tanzanie, du Gabon et d’Afrique du Sud pour contribuer à sa capacité à produire ces précurseurs de batterie. Le coût de la fabrication utilisant des énergies renouvelables pourrait être réduit de manière significative. Les sources d’énergie renouvelables abondantes de l’Afrique sont très peu saisonnières ou intermittentes, ce qui permet de fournir de manière fiable une charge de base renouvelable pour alimenter une production industrielle continue.
« La ZLECAf permet aux pays africains d’abord d’ajouter de la valeur aux matériaux et de se spécialiser dans les domaines d’avantage comparatif national, et aussi de travailler ensemble pour commercer de manière plus avantageuse avec le reste du monde », a poursuivi le professeur Osinbajo.
Il a ajouté que « la plupart des pays africains dépendent des combustibles fossiles pour leurs besoins énergétiques et que pour les pays africains riches en combustibles fossiles, il s’agit également d’une source majeure de recettes d’exportation et de recettes fiscales. Apparemment, conformément à leurs obligations de zéro émission nette, les institutions de financement du développement ont de plus en plus tendance à se retirer des investissements dans les combustibles fossiles. Ces mesures incluent la décision de la Banque mondiale d’arrêter le financement du développement pétrolier et gazier en amont en Afrique et les restrictions imposées par l’Union européenne, le Royaume-Uni et les États-Unis au financement du développement gazier en aval. De toute évidence, les conséquences de ces mesures sont désastreuses, car il n’existe pas de sources d’énergie alternatives immédiates et le coût de la transition vers des combustibles plus propres peut être prohibitif. Certaines études indiquent que la cession des combustibles fossiles pourrait réduire le PIB de 30 milliards de dollars US pour le Nigeria, 22 milliards de dollars pour l’Algérie et 19,3 milliards de dollars pour l’Angola. »
S.E. Dr Rania A Al-Mashat, Ministre de la Planification, du Développement Economique et de la Coopération internationale, République arabe d’Égypte a déclaré que si « le continent africain est le moins responsable des émissions de carbone, il supporte le plus gros fardeau en termes de financement du changement climatique pour les besoins de développement – tels que la sécurité alimentaire et hydrique, et l’accès à l’énergie. »
Elle a appelé à une collaboration accrue avec les parties prenantes nationales et internationales : « Nous devons travailler ensemble ; nous devons apporter les expériences d’autres pays afin que l’Afrique puisse avancer en matière de développement et de croissance économique durable ».
Dans son message de bonne volonté, Mme Amina J. Mohammed, Vice-Secrétaire générale des Nations Unies et Présidente du Groupe des Nations Unies pour le développement durable, a parlé de la fenêtre qui se referme rapidement pour prévenir les pires impacts du changement climatique. Elle a évoqué le fait que de nombreux pays africains sont embourbés dans la dette, exacerbée par des crises prolongées qui ont peu accès à des financements concessionnels à long terme pour investir dans le développement durable.
« Avec un accès adéquat aux ressources financières à un coût raisonnable, les énergies renouvelables peuvent dynamiser de manière considérable les économies, développer de nouvelles industries, créer des emplois et stimuler le développement, notamment en atteignant les plus de 600 millions d’Africains qui vivent sans accès à l’électricité », a déclaré Mme Mohammed.
Elle a également souligné l’importance de privilégier les politiques inclusives qui autonomisent les femmes et les jeunes dans le cadre de la construction d’économies résilientes au changement climatique.
« En tirant parti de la puissance collective de la ZLECAf, l’Afrique peut réaliser des progrès dans la lutte contre le changement climatique et le développement durable en promouvant l’intégration régionale et en encourageant l’industrialisation verte.
« La ZLECAf peut aider à bâtir des économies résilientes au changement climatique tout en créant des emplois, en réduisant la pauvreté et en renforçant la sécurité alimentaire. »
La huitième conférence Babacar Ndiaye a aussi renforcé l’engagement d’Afreximbank à jouer un rôle de premier plan dans le financement des infrastructures durables et des politiques commerciales sur l’ensemble du continent.
FIN
À propos de la Conférence Babacar Ndiaye
La Conférence Babacar Ndiaye est un événement annuel conçu pour promouvoir le dialogue autour des défis de développement de l’Afrique et explorer des solutions pratiques par le biais de la politique, du commerce et de la diplomatie.
La conférence rend hommage à Babacar Ndiaye, ancien président de la Banque africaine de développement, pour son leadership visionnaire dans la promotion de la croissance économique de l’Afrique.
Afreximbank accueille cette conférence chaque année depuis 2017 en l’honneur du regretté Dr Babacar Ndiaye, cinquième président de la Banque africaine de développement. Dr Ndiaye a transformé la Banque au cours de sa décennie de leadership et a également joué un rôle déterminant dans la création de plusieurs autres institutions panafricaines durables, y compris Afreximbank, Shelter Afrique et African Business Roundtable.
À propos d’Afreximbank :
La Banque africaine d’Import-Export (Afreximbank) est une institution financière multilatérale panafricaine dédiée au financement et à la promotion du commerce intra et extra-africain. Depuis 30 ans, Afreximbank déploie des instruments innovants pour fournir des solutions de financement qui facilitent la transformation de la structure du commerce africain et accélèrent l’industrialisation et le commerce intrarégional, soutenant ainsi l’expansion économique en Afrique. Fervente défenseur de la ZLECAf, Afreximbank, en partenariat avec la Commission de l’Union africaine et le Secrétariat de la ZLECAf a lancé le système panafricain de paiement et de règlement (PAPSS) qui a été adopté par l’Union africaine (UA) comme la plateforme de paiement et de règlement devant appuyer la mise en œuvre de la ZLECAf. Le Secrétariat de la ZLECAf et la Banque ont mis en place un Fonds d’ajustement de 10 milliards de dollars US pour aider les pays à participer de manière effective à la ZLECAf.
À la fin de décembre 2023, le total des actifs et des garanties de la Banque s’élevait à environ 37, 3 milliards de dollars US et les fonds de ses actionnaires s’établissaient à 6,1 milliards de dollars US. Afreximbank est notée A par GCR International Scale, Baa1 par Moody’s, A- par Japan Credit Rating Agency (JCR) et BBB par Fitch. Au fil des ans, Afreximbank est devenue un groupe constitué de la Banque, de sa filiale de financement à impact appelée Fonds de développement des exportations en Afrique (FEDA), et de sa filiale de gestion d’assurance, AfrexInsure, (les trois entités forment « le Groupe »). La Banque a son siège social au Caire, en Égypte.
Contact Presse :
Vincent Musumba
Responsable des communications et des événements (relations avec les médias)
Courriel : press@afreximbank.com
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