
Le Professeur Benedict Oramah, Président sortant d’Afreximbank et du Conseil d’administration de la Banque, a lancé un puissant appel à l’action lors du Future Africa Forum 2025, qui s’est tenu à l’Africa Center à New York. S’exprimant sous le thème « De l’héritage à la prospérité : Tirer parti des racines culturelles pour promouvoir l’Afrique mondiale », le Professeur Oramah a exhorté l’Afrique et sa diaspora à exploiter leur héritage commun en tant que fondement d’une puissance économique collective et d’un renouveau culturel.
Le forum a réuni des personnalités influentes venues d’Afrique et de la diaspora, parmi lesquelles Son Excellence Denis Sassou Nguesso, Président de la République du Congo, et Madame Jendayi Frazer, Présidente du Conseil d’administration de l’Africa Center, aux côtés de responsables gouvernementaux, investisseurs, entrepreneurs et leaders culturels. L’auditoire était tout à fait indiqué pour le message du Président sortant, le Professeur Oramah : les liens d’ascendance et d’identité qui s’étendent à travers les continents doivent désormais se transformer en une plateforme commune de puissance économique et de renouveau culturel.
Le Professeure Oramah a tout d’abord rappelé à l’auditoire que l’Afrique n’est pas simplement un continent, mais une civilisation mondiale de près de deux milliards de personnes d’ascendance africaine, liées par une histoire, une identité et une destinée partagées. Si l’histoire a dispersé les Africains à travers les continents, a-t-il souligné, l’avenir doit se construire sur le rétablissement des liens grâce au commerce, à l’investissement et aux échanges culturels. Selon lui, les Africains d’Accra et ceux d’Atlanta sont liés par un héritage commun et un destin collectif.
Le Président Oramah a souligné le poids économique et culturel de la diaspora africaine, notant que les envois de fonds dépassent à eux seuls 100 milliards de dollars par an. Pourtant, le véritable potentiel de la diaspora réside dans ses compétences, ses réseaux et ses marchés. La diaspora n’est pas un parent lointain, mais « l’Afrique amplifiée ». Pour le Président Oramah, toute l’énergie de la diaspora doit être pleinement intégrée dans l’avenir économique et culturel de l’Afrique.
Il a ensuite rappelé le rôle moteur d’Afreximbank dans l’institutionnalisation du concept de « Global Africa (Afrique mondiale) », une stratégie que la Banque met en œuvre depuis 2018 à travers sa Stratégie pour la Diaspora. Cette approche a redéfini le commerce intra-africain pour inclure toutes les personnes d’ascendance africaine dans le monde entier, les efforts visant à mobiliser des investissements, à mobiliser des financements soutenus par les envois de fonds, à promouvoir le transfert de compétences et de connaissances, à soutenir les industries culturelles et à accélérer l’intégration transfrontalière.
Parmi les initiatives illustrant cette vision, le Professeur Oramah a souligné le Global Africa Gateway à New York, lancé en septembre 2024, qui constitue à la fois un pont symbolique et pratique entre l’Afrique et sa diaspora. Grâce au Programme de stages pour la diaspora lié à ce portail, de jeunes Afro-Américains ont déjà intégré de grandes multinationales africaines, contribuant ainsi à renforcer les liens économiques et culturels entre les deux rives. Il a également évoqué le Forum Afrique-Caraïbes sur le commerce et l’investissement (ACTIF), qui depuis 2022 réunit dirigeants, décideurs et investisseurs à travers la région des Caraïbes. L’édition 2025 a attiré à elle seule plus de 2 100 délégués provenant de 80 pays, dont 11 chefs d’État. Elle a également généré plus de 300 millions de dollars en accords commerciaux et d’investissement.
Le Président Oramah a souligné que l’engagement d’Afreximbank envers les Caraïbes est à la fois large et tangible. Treize États de la CARICOM sont désormais membres de la Banque, et onze ont ratifié son accord de partenariat, accordant à Afreximbank un mandat juridique complet dans toute la région. Il a souligné la création d’un bureau régional à la Barbade, où un Centre africain du commerce de 180 millions de dollars US est déjà en construction, et les engagements de financement de 3 milliards de dollars US pris par la Banque, dont plus d’un milliard déjà versé à des projets dans les domaines de l’adaptation au changement climatique, du tourisme, des sports, de l’énergie, des PME et des infrastructures. Il a en outre souligné la collaboration en cours avec la CARICOM en vue de créer une Eximbank des Caraïbes dédiée au financement de l’industrialisation et de l’innovation, et un partenariat avec le Fonds de développement des Caraïbes qui mobilise 250 millions de dollars US pour l’adaptation au changement climatique et la résilience à travers le Fonds pour la croissance, la résilience et la durabilité.
Dans une perspective d’avenir, le Professeur Oramah a soutenu que ces initiatives devraient s’inscrire dans une architecture plus large, connectée à travers une nouvelle institution, à savoir la Commission pour l’Afrique mondiale (Global Africa Commission). Il a décrit la Commission proposée comme une coalition de l’Union africaine, de la CARICOM, de l’Amérique latine et de la diaspora élargie, ayant pour objectif de coordonner les énergies de plus de deux milliards de personnes d’ascendance africaine. Son mandat serait d’harmoniser les politiques commerciales, d’investissement, culturelles et de développement humain tout en renforçant la voix collective de l’Afrique et son influence sur la scène mondiale.
Dans ce qui sera, a-t-il confirmé, son dernier discours au Future Africa Forum en tant que Président d’Afreximbank, le Président Oramah est revenu sur les progrès réalisés durant son mandat et sur l’héritage qu’il espère laisser. « Si je devais laisser un héritage, qu’il soit celui-ci : L’Afrique et sa diaspora sont indivisibles, unies par leur patrimoine, renforcées par le commerce et l’investissement, et destinées à la grandeur. Les ponts que nous avons construits doivent se transformer en autoroutes du commerce, de l’investissement, de la culture et de la prospérité, afin que le monde ne puisse avancer sans l’Afrique ».