LE CAIRE, SAMEDI 25 OCTOBRE 2025
M. le Président de l’Assemblée générale des actionnaires, Wale Edun, Ministre des Finances et Ministre coordinateur de l’économie, République fédérale du Nigeria,
Son Excellence Selma Malika Haddadi, Vice-présidente de la Commission de l’Union africaine, Excellences, les chefs d’État d’Afrique et des Caraïbes et vos représentants,
Excellences anciens chefs d’État et anciens vice-présidents d’Afrique et des Caraïbes ici présents,
Honorable Badr Ahmed Mohamed Abdelatty, Ministre des Affaires Étrangères de la République arabe d’Égypte,
Honorable Louis-Paul Motaze, Ministre des Finances du Cameroun,
Honorables ministres, gouverneurs de banques centrales et autres représentants gouvernementaux d’Afrique et des Caraïbes,
Excellences, Ambassadeurs et chefs de missions diplomatiques,
Mon cher frère, Professeur Benedict Oramah, Président sortant d’Afreximbank et du Conseil d’administration de la Banque,
Chers anciens Présidents, M. Christopher Edordu et M. Jean-Louis Ekra,
Mon cher frère, Sidi OULD Tah, Président de la Banque africaine de développement,
Chers membres du Conseil d’administration d’Afreximbank,
Chers Présidents et directeurs généraux,
Chers Membres de l’’Alliance des institutions financières multilatérales africaines,
Chers Présidents, directeurs généraux et représentants d’Organisations internationales et capitaines d’industrie,
Messieurs le premier Vice-président exécutif et les Vice-présidents exécutifs d’Afreximbank,
Messieurs les Directeurs généraux et responsables des filiales et initiatives spéciales d’Afreximbank,
Chers collègues d’Afreximbank, Mesdames et Messieurs de la presse, Mesdames et Messieurs, distingués invités,
Allocution d’ouverture
- Hier, nous avons été captivés par la performance extraordinaire du groupe Mansa Musa. Le groupe a pour vocation de raconter l’histoire de l’Afrique telle que les Africains souhaitent qu’elle soit racontée.
- Nous les remercions vivement de nous avoir fait revivre ces souvenirs et de nous avoir rappelé la grandeur du continent africain et de ses peuples. MANSA MUSA KEITA a été célébré comme étant l’homme le plus riche de l’histoire de l’humanité. Il incarnait une vérité intemporelle : nous possédons l’esprit humain et les ressources nécessaires pour bâtir un continent prospère. Donc, s’il y a un droit que nous Africains ne pouvons – et ne devons jamais – revendiquer, c’est le droit de rester pauvres, car nous n’avons jamais été pauvres.
- C’est pourquoi nous nous sommes réunis ici aujourd’hui en grand nombre. Pour témoigner et approuver ce que le transfert de pouvoir et, au-delà, ce qu’un leadership exceptionnel peut accomplir.
- L’héritage d’Oramah ne se définit peut-être pas par la richesse historique de Mansa Musa, mais par deux éléments tout aussi importants que la fortune de Musa Keita et la foi qui l’a poussé à voyager depuis Niani jusqu’au désert d’Arabie. L’héritage d’Oramah est un autre type de richesse : la richesse qui inspire les Africains à l’action ; l’esprit qui suscite l’espoir ; et le leadership audacieux et courageux qui démontre comment les aspirations peuvent être transformées en réalisations tangibles.
- Ces réalisations, Monsieur le Président, ont également impliqué trois autres groupes de personnes dont je voudrais magnifier la contribution. Premièrement, les actionnaires, les propriétaires de cette grande institution. Vous avez consenti des sacrifices extraordinaires. Ces sacrifices sont nombreux pour être énumérés. Votre dernier sacrifice majeur – mis à part votre décision de me nommer président – a été l’injection de capital de 2,4 milliards de dollars US que vous avez effectuée en 4 ans. Ce montant représente plus de 92 % des 2,6 milliards que vous aviez promis. C’est un succès retentissant, pour deux raisons : premièrement, vous avez apporté votre contribution dans un contexte marqué par des chocs économiques graves, alors que d’autres priorités, des priorités économiques et sociales importantes, réclamaient votre attention. Deuxièmement, vous avez versé vos contributions plus d’un an avant la date d’échéance. Il n’existe pas une manière beaucoup efficace pour témoigner de votre détermination à assurer la pérennité de cette institution.
- Le deuxième groupe est le personnel de la Banque. Dans son message d’adieu au personnel, le Professeur Oramah a déclaré qu’un général ne vaut que ce que valent ses officiers et ses soldats. Bien que chacun à la Banque reconnaisse que servir votre cause est un privilège tout particulier, je tiens à saisir cette occasion pour remercier vos employés de leur extraordinaire sens du sacrifice. Le Conseil d’administration est le troisième groupe. J’ai servi votre institution pendant longtemps. Au niveau de la direction, nous tenons à vous remercier pour la qualité des hommes et des femmes que vous nommez au Conseil. Ils sont vos yeux et vos oreilles, les guides spirituels de ce que vous attendez de cette institution. Nous avons la chance qu’ils soient parmi les meilleurs que le continent a à offrir. Leur compréhension des défis auxquels le continent est confronté est extraordinaire. S’ils n’avaient pas compris l’urgence des interventions liées à la Covid, nous n’aurions pas pu approuver une facilité de 2 milliards de dollars en quelques jours !
Héritage actuel et pont vers l’avenir
- 7. Mesdames et Messieurs,
L’institution que vous avez créée il y a 32 ans a accompli beaucoup de choses. Lors de la réunion du Conseil d’administration jeudi dernier, le Président Oramah a présenté certaines des réalisations des dix dernières années seulement. Ces réalisations sont exceptionnelles :
Le total des actifs et des garanties a été multiplié par plus de huit entre septembre 2015 et avril 2025, pour atteindre 43,5 milliards de dollars US ;
(ii) les recettes totales ont également augmenté de sept fois, atteignant
3,24 milliards de dollars en 10 ans ;
iii) le revenu net s’élevait à environ 1 milliard de dollars à la fin de 2024, soit une augmentation d’environ 700 % par rapport au niveau d’il y a 10 ans ;
(iv) la génération de capital interne et le soutien très fort des actionnaires par le biais d’investissements supplémentaires en capitaux propres ont vu les fonds des actionnaires passer d’environ 1 milliard de dollars en septembre 2015 à
7,5 milliards de dollars en avril 2025, avec un capital appelable
atteignant 4,5 milliards de dollars contre 450 millions en septembre 2015 ;
v) création de filiales, dont le Fonds de développement des exportations en Afrique (FEDA), AfrexInsure et d’autres, qui deviennent des sources supplémentaires de revenus pour la Banque ; et
(vi) interventions liées à la COVID, investissements dans les zones de transformation des exportations et autres zones économiques, raffineries et centres médicaux, la ZLECAf et le programme de création centré sur la jeunesse, une foire commerciale panafricaine, etc.
8. Ce sont là quelques-unes des réalisations de l’institution depuis sa création. Mon premier engagement envers vous est donc de préserver ces acquis.
9. Lorsque la pandémie de COVID-19 a frappé, vous nous avez demandé des vaccins, et nous les avons livrés à travers le continent africain et les Caraïbes. Lorsque le conflit en Ukraine a déclenché des turbulences économiques mondiales, vous vous êtes tournés vers votre banque pour obtenir un soutien financier, et elle a mis en place la réponse à la crise la plus rapide et la plus importante de l’histoire de la Banque, en déployant des milliards de dollars de financement d’urgence par le biais de nos divers mécanismes en vue d’aider les États membres à amortir les chocs économiques et à protéger les communautés vulnérables. Vous nous avez demandé de mettre en place un système de paiement continental visant à intégrer financièrement l’Afrique, et nous avons créé le Système panafricain de paiement et de règlement (PAPSS).
10. En réponse au mandat que vous nous avez confié pour aider à transformer la structure du commerce africain, nous catalysons activement les investissements dans les zones économiques spéciales à travers le continent. L’une de ces ZES a été créée au Bénin – un pays classé parmi les 10 premiers producteurs mondiaux de coton et le quatrième producteur mondial de noix de cajou, mais exportant principalement ces produits sous forme brute – et en seulement 18 mois, le pays est passé de l’exportation de coton brut à la production de textiles et de vêtements finis, ce qui a entraîné une augmentation de 24 % des exportations de produits manufacturés, un soutien à plus de 116 000 agriculteurs et la création de 12 000 nouveaux emplois. De même, la plateforme industrielle Adétikopé au Togo a permis de stimuler de 10% les exportations manufacturées du pays, de soutenir 13 000 agriculteurs et de créer plus de 3 000 nouveaux emplois. Nous avons soutenu la transformation du bois au Gabon, et en quelques mois, le pays a interdit l’exportation de grumes brutes, générant 8 000 emplois directs et 12 000 emplois indirects. Au Nigeria, la raffinerie de Dangote – pour laquelle Afreximbank a été le principal prêteur – transforme le paysage énergétique de l’Afrique et accélère la marche du continent vers l’autosuffisance. Dans le secteur des soins de santé, autrefois considéré comme non bancable, la Banque a redéfini ce qui est possible grâce à la création du Centre médical africain d’excellence d’Abuja, une structure qui est plus qu’un simple centre médical ; elle symbolise puissamment notre aspiration à la souveraineté sanitaire.
11. En outre, Afreximbank a également joué un rôle central dans l’intégration économique de l’Afrique. Le Fonds d’ajustement de la ZLECAf, le Régime de garantie de transit, ainsi que d’autres initiatives essentielles, y compris la Foire commerciale intra-africaine, l’Africa Trade Exchange, le programme Creative Africa Nexus (CANEX) et le programme pour la Diaspora. Ce ne sont là que quelques exemples. Sans l’implication d’Afreximbank, bon nombre de ces initiatives n’auraient pas été lancées, ou auraient connu des progrès nettement plus lents et des risques bien plus grands.
Vision pour l’avenir
12. C’est aussi l’occasion de réaffirmer notre engagement inébranlable à poursuivre cet héritage — à approfondir notre impact, à renforcer nos partenariats et à poursuivre la mission de bâtir une Afrique qui commerce avec elle-même et prospère selon ses propres conditions. Le mandat de la Banque est, tel qu’énoncé dans la Charte, de promouvoir et de faciliter le commerce de l’Afrique. La structure de ce commerce est défavorable à l’Afrique. Elle doit changer. Elle est trop dépendante de l’exportation de produits de base. Notre mission est donc de transformer la structure de ce commerce. Pour changer la structure, nous devons transformer. Nous devons produire. Si nous ne produisons pas, nous ne pouvons pas commercer.
13. À Afreximbank, nous croyons que l’avenir de l’Afrique réside dans la valeur ajoutée, dans la production et le commerce de produits intermédiaires et finis qui génèrent de la richesse et créent des emplois à l’intérieur de nos frontières.
14. Dans cette optique, permettez-moi de vous présenter les domaines auxquels nous accorderons la priorité au cours des 5 à 10 prochaines années. Nous sommes convaincus que ces secteurs auront l’impact le plus important et le plus durable sur notre commerce et notre bien-être. Ceux-ci constitueront la ligne directrice de mon leadership.
- Premièrement, nous allons promouvoir et accélérer la création de valeur ajoutée et le traitement stratégique des minéraux : Nous nous efforcerons de mettre fin à l’exportation du potentiel brut. En transformant ce que nous produisons, en construisant des chaînes de valeur régionales et en encourageant les industries locales, nous pouvons créer des emplois, conserver la richesse et stimuler la croissance sur tout le continent. Nous nous concentrerons sur le développement d’industries stratégiques qui peuvent stimuler l’industrialisation et la création d’emplois. Afreximbank créera donc un nouveau guichet de financement à fort impact, spécifiquement pour les projets qui transforment les minéraux bruts en produits semi-finis ou finis. Nous établirons un programme stratégique de développement des minéraux afin de financer des chaînes de valeur entières, de l’extraction et du raffinage à la fabrication de composants finis. Au lieu d’exporter simplement du lithium brut depuis la République démocratique du Congo, par exemple, nous financerons des usines pour produire localement des batteries lithium-ion, ce qui permettra de créer beaucoup plus de valeur ici même, chez nous, et de créer des emplois hautement qualifiés pour notre population. Plutôt que d’exporter la bauxite brute de Guinée, du Nigeria, du Gabon, du Cameroun ou d’Afrique du Sud, nous privilégierons la transformation locale. Les avantages sont nombreux : infrastructure, création de richesse, gains de change, etc.
- Deuxièmement, nous allons approfondir le commerce intra-africain et l’intégration régionale : Le succès de notre programme de création de valeur dépendra en fin de compte de notre capacité à sécuriser les marchés pour les biens que nous produisons. À cet égard, la ZLECAf représente une plate-forme vitale pour promouvoir la valeur ajoutée et la fabrication à l’exportation. Nous intensifierons nos efforts pour faire tomber les barrières commerciales, renforcer les infrastructures transfrontalières et favoriser la circulation harmonieuse des biens, des services, des personnes et des capitaux à travers notre continent. Afreximbank continuera donc à jouer un rôle de catalyseur dans la mise en œuvre de la ZLECAf en promouvant les programmes et initiatives clés déployés au cours de la dernière décennie et en introduisant de nouvelles interventions ciblées, si nécessaire, pour accélérer les progrès. Pour remédier au manque de capacités qui empêche de nombreux pays et PME de tirer pleinement parti de la ZLECAf, nous intensifierons sous ma direction notre soutien via l’écosystème de marché numérique Africa Trade Gateway (ATG). Grâce au programme d’accélération dédié, ATG-AfCFTA, nous fournirons un soutien technique direct, des informations sur le marché et un financement sur mesure pour aider les PME africaines à naviguer dans les complexités du commerce transfrontalier et à tirer pleinement profit de la zone de libre-échange continentale.
- Troisièmement, nous allons catalyser et construire des infrastructures essentielles propices au commerce : Un réseau d’infrastructures fragmenté et délabré, des routes et des chemins de fer aux ports, et des réseaux électriques, reste un goulot d’étranglement majeur pour le commerce intra-africain et un facteur important des coûts logistiques élevés sur notre continent. Nous accélérerons les investissements dans des projets d’infrastructure essentiels qui facilitent directement le commerce et relient les marchés africains entre eux. Ces projets comprennent non seulement les autoroutes et les lignes ferroviaires, mais aussi les ports maritimes modernisés, l’expansion des entrepôts et des dépôts intérieurs de conteneurs, les projets d’énergie renouvelable, les centres logistiques spécialisés et les pipelines d’énergie. L’énergie est le moteur de la transformation commerciale de l’Afrique : elle alimente les industries, connecte les marchés et permet à notre continent de passer du statut de simple source de matières premières à celui de pôle de production et d’innovation. Nous adopterons une approche proactive et axée sur le partenariat pour financer et faciliter les infrastructures matérielles (transport, énergie, logistique) et les infrastructures immatérielles (plateformes numériques, systèmes réglementaires simplifiés). La priorité sera donnée aux infrastructures qui relient les centres de production aux marchés afin de libérer le potentiel commercial et de réduire le coût des affaires. Nos interventions seront intelligentes et innovantes, adaptées aux réalités des projets commerciaux de l’Afrique- en tirant parti des partenariats public-privé, des structures de financement innovantes et de la coordination régionale afin de garantir que ces investissements aient un impact maximal. Une initiative clé sous ma direction sera la création d’un écosystème d’infrastructures intégrées partagées pour le commerce, visant à exploiter de manière rentable les capacités existantes des infrastructures facilitant les échanges commerciaux. Au lieu que chaque pays construise à partir de zéro, nous catalyserons le développement des infrastructures dans les pays disposant de capacités suffisantes pour servir les nations voisines qui n’ont pas les ressources nécessaires pour développer de telles installations de manière indépendante. Cette approche collaborative garantit que tous les pays, quelles que soient leur capacités actuelles, bénéficient d’un meilleur accès aux marchés, d’une connectivité accrue et de coûts commerciaux réduits. Plutôt que de dupliquer les efforts, nous construirons des systèmes intelligents et interconnectés qui amplifieront les forces existantes, stimuleront l’efficacité régionale et favoriseront une intégration économique plus profonde à travers le continent.
- Quatrièmement, l’exploitation de l’innovation et de la technologie numérique est un autre domaine important : L’innovation et les technologies numériques sont des moteurs puissants de changement dans le paysage économique africain. Elles offrent un moyen direct de surmonter les défis persistants en matière de développement, de lever les obstacles au commerce, d’améliorer l’efficacité et de créer de nouvelles opportunités de croissance. Les solutions de technologie numérique axées sur l’innovation fournissent de nouveaux modèles pour reconfigurer la transformation économique, l’intégration régionale et la valeur ajoutée, comblant le déficit de financement du commerce, permettant l’accès aux marchés et aux informations, développant l’inclusion financière, stimulant l’autonomisation économique des jeunes et l’entrepreneuriat grâce à la révolution fintech. Ces modèles créent un environnement où les entreprises africaines peuvent être compétitives à l’échelle mondiale tout en renforçant l’intégration économique régionale. Nous devons donc investir dans les infrastructures, les plateformes et les technologies numériques, des plateformes de commerce électronique et de paiement à l’analyse avancée en passant par l’intelligence artificielle et l’apprentissage automatique (IA/AA), afin de créer des écosystèmes numériques fluides qui libèrent tout le potentiel économique de l’Afrique. Afreximbank a déjà lancé et commercialisé certains de ces écosystèmes et infrastructures numériques qui soutiennent le commerce, y compris l’Africa Trade Exchange (ATEX), l’Africa Trade Gateway (ATG) et le PAPSS. Sous ma direction, nous continuerons à étendre et à renforcer nos initiatives et programmes numériques. J’érigerai l’intelligence artificielle au rang de priorité afin de tirer parti de son potentiel transformateur dans le commerce intra-africain et l’intégration régionale, de promouvoir la valeur ajoutée, les parcs industriels et la fabrication intelligente, de créer des opportunités économiques et de la croissance, et d’améliorer les opérations internes et l’efficacité. Dans un paysage financier mondial en pleine mutation, propulsé par le passage marqué à la finance et au commerce numériques, et compte tenu du potentiel des solutions de monnaie numérique instantanée et de stablecoin qui répondent directement aux exigences de l’économie numérique du XXIe siècle, je dois poser la question suivante : Ne devrions-nous pas dès maintenant envisager la création d’une monnaie numérique panafricaine, y compris un stablecoin, afin de renforcer l’intégration financière et l’innovation sur le continent et de prendre véritablement en main notre destin économique à l’ère numérique ? Pour concrétiser nos ambitions en matière d’innovation et de transformation numérique, j’intégrerai et alignerai étroitement notre stratégie en matière d’organisation, d’innovation et de transformation numérique dans une vision unifiée de cohérence et d’exécution stratégiques qui sera au cœur de notre croissance future et permettra de tirer plus efficacement parti de l’innovation et des technologies numériques en vue de réaliser la vision de transformer la structure du commerce africain et de stimuler le développement économique de l’Afrique.
- Cinquièmement, nous allons mobiliser le capital africain mondial : Grâce à des actions audacieuses et décisives, nous reconstruisons les liens autrefois rompus entre l’Afrique et les personnes d’ascendance africaine à travers le monde entier.
Ces actions répondent aux aspirations séculaires de panafricanistes tels que Marcus Garvey, Kwame Nkrumah, W.E.B. Du Bois, George Padmore, Edward Blyden et bien d’autres qui ont longtemps plaidé pour la réunification de toutes les personnes d’ascendance africaine. La présence ici aujourd’hui de l’honorable Terrance Drew, Premier ministre de Saint-Kitts, témoigne de manière indéniable des progrès déjà accomplis. Nous sommes donc heureux que les dirigeants africains et de la CARICOM soient disposés à créer une Commission pour l’Afrique mondiale qui servira de plate-forme pour construire un consensus en vue de relever nos défis communs et d’accélérer l’intégration. Cette plateforme devrait également approfondir le commerce, l’investissement et la coopération économique. La commission sera présidée par S. E. le Président Obasanjo, et l’honorable P.J. Patterson. Nous adressons nos sincères remerciements aux dirigeants de la CARICOM pour avoir impulsé cette dynamique.
- Ce n’est pas un hasard si la composition de la Commission accorde une place importante aux Africains des Caraïbes, reflétant notre conviction dans le mouvement vers une Afrique mondiale. Par « Afrique mondiale », nous entendons non seulement ceux qui vivent sur le continent, mais aussi nos frères et sœurs d’origine africaine dans les Caraïbes, en Amérique latine (y compris le Brésil et la Colombie), aux États-Unis et ailleurs dans le monde. L’intégration tant attendue de nos communautés se réalisera lorsque les Africains du monde entier pourront profiter des opportunités économiques communes. À mesure que cette unité s’approfondit et que nous nous considérons comme des frères et sœurs, la vision d’une Afrique mondiale s’épanouira, les barrières tomberont et des portes s’ouvriront. Les gouvernements faciliteront la libre circulation, y compris en mettant en place des politiques de visas plus ouvertes, et les connexions interpersonnelles s’épanouiront. Voilà l’essence même de l’Afrique mondiale que nous construisons ensemble.
- Nous avons développé une capacité de génération de capital interne, mais un apport de capitaux frais contribuera à accroître et à accélérer rapidement la contribution de la Banque à la transformation économique du continent. À cet égard, nous continuerons de compter sur nos actionnaires, les gouvernements africains, les gouvernements de la CARICOM, le secteur privé et les investisseurs institutionnels pour déployer des ressources inexploitées. Les ressources et les capitaux africains mondiaux seront donc mis au service du développement de l’Afrique mondiale. Trop souvent, les richesses africaines – qu’elle soient détenues par notre diaspora, nos entreprises ou les fonds souverains de nos propres gouvernements – sont investies ailleurs dans le monde. Nous allons intensifier nos efforts pour réinvestir cet immense réservoir de capitaux provenant des fonds souverains, des fonds de pension, des investisseurs de la diaspora ou des fonds de capital-investissement dans la croissance de l’Afrique. Afreximbank créera des instruments financiers innovants, des plateformes de co-investissement de confiance et une réserve de projets africains bancables qui permettront aux capitaux africains d’affluer vers les opportunités africaines.
Il ne s’agit pas seulement de financement, il s’agit d’appropriation et de redéfinir le récit du développement africain. Il est temps que les richesses de l’Afrique, où qu’elles se trouvent, soient investies pour l’avenir de l’Afrique.
- À bien y réfléchir, n’est-il pas temps d’envisager la création d’un réseau panafricain de fonds souverains virtuels – une plateforme dynamique permettant de mettre en commun les capitaux africains et de les orienter vers des investissements transformateurs à travers le continent ? Ne devrions-nous pas, en tant qu’Africains, travailler ensemble pour orienter notre richesse collective vers des infrastructures transfrontalières et des entreprises industrielles panafricaines qui renforceront notre prospérité partagée et accéléreront l’intégration du continent ? Imaginez, par exemple, que les fonds souverains algériens et égyptiens co-investissent dans un gazoduc transcontinental, Afreximbank fournissant des garanties ou un cofinancement en vue d’assurer son succès. N’est-ce pas là le genre d’initiatives audacieuses et collaboratives que nous devons désormais adopter pour garantir que les ressources africaines alimentent véritablement le développement de l’Afrique ?
- Sixièmement, la Solidité financière est un autre domaine d’intervention important : Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Ministres, Excellences, Mesdames et Messieurs, lors de ma nomination, nos actionnaires ont fixé un objectif ambitieux : porter le bilan d’Afreximbank à 250 milliards de dollars US en dix ans. Au fur et à mesure que nous avons consulté d’autres dirigeants
- Africains, dont Son Excellence le président de la République arabe d’Égypte, actionnaire important et fervent partisan de la Banque, un objectif encore plus ambitieux a émergé. Il nous a mis au défi d’aspirer à atteindre 350 milliards de dollars US.
- Il ne s’agit donc pas seulement de chiffres. Il s’agit d’un appel à l’impact, à un changement capital. Cette démarche témoigne du sentiment d’urgence qui anime nos chefs d’État quant à la construction d’une institution africaine financièrement solide et influente à l’échelle mondiale. Elle témoigne également de la solide confiance qu’ils accordent à Afreximbank en tant qu’institution systémique pour le développement de l’Afrique, qu’ils s’engagent à soutenir en toutes circonstances. Et pour cela, nous ne vous décevrons pas ! Avec la même détermination qui nous a permis d’arriver là où nous sommes, nous serons à la hauteur des attentes de nos actionnaires et des dirigeants du continent. Nous reconnaissons que seule une institution forte et bien capitalisée peut réaliser les interventions d’envergure nécessaires pour transformer le paysage commercial et de développement de l’Afrique. Imaginez ceci : sans une institution financière importante et solide comme Afreximbank, comment aurions-nous pu financer des projets pétroliers, gaziers et miniers d’une valeur de plus de 12 milliards de dollars en Afrique de l’Ouest, australe et centrale au cours des deux dernières années ? Comment aurait-il été possible d’investir 2 milliards de dollars supplémentaires dans des projets manufacturiers en Afrique de l’Est et du Nord au cours de la même période ? Ce sont là les résultats de la concentration, de l’échelle et de la détermination. Nous compterons sur nos ressources internes et le soutien continu de nos actionnaires.
- Mais qu’est-ce qui nous fait croire qu’une telle croissance est réalisable dans un délai relativement court ? La réponse réside dans notre orientation stratégique vers la transformation pour l’exportation et l’industrialisation, moteurs de la création de richesse et de la création de valeur ajoutée. Lorsque nous investissons dans la transformation, nous ajoutons de la valeur ; lorsque nous ajoutons de la valeur, nous créons de la richesse ; et lorsque nous créons de la richesse, nous augmentons notre capacité à réinvestir. Une base croissante de bénéfices non répartis renforce notre bilan, ce qui nous permet de consacrer davantage de fonds à des projets à fort impact, qui à leur tour génèrent de la richesse et stimulent la croissance.
- Nous explorerons toutes les pistes – nouveaux capitaux propres, bénéfices non distribués, accords de co-prêt et gestion d’actifs – afin de multiplier les ressources que nous pouvons apporter à l’Afrique. Ce faisant, nous garderons un œil vigilant sur la stabilité et la solvabilité de la Banque. La croissance doit aller de pair avec une gestion saine des risques et un impact réel sur le développement. Chaque dollar de notre bilan doit se traduire par des changements positifs sur le terrain, conformément à notre mandat.
- Septièmement, nous allons développer des partenariats stratégiques et innovants : Nos partenariats avec les institutions de développement pertinentes demeurent au cœur de la mission de la Banque, qui consiste à faire progresser le commerce et la transformation économique de l’Afrique. « Nous reconnaissons que le progrès de l’Afrique dépend non seulement de la solidité des institutions individuelles, mais aussi de l’importance de la collaboration entre elles. À cet égard, notre partenariat avec la Banque africaine de développement (BAD) continue d’avoir une valeur stratégique énorme. Nous sommes particulièrement ravis de la nomination du nouveau Président de la BAD, ami de longue date d’Afreximbank, qui a précédemment occupé les fonctions de Président de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA) et de membre du Conseil d’administration d’Afreximbank. Sa connaissance approfondie du financement du développement en Afrique nous redonne confiance dans l’avenir de notre collaboration. Nous travaillons également à approfondir notre engagement avec l’Alliance africaine des institutions financières multilatérales, y compris des partenaires tels que la Banque de commerce et de développement (TDB), la Société financière africaine (AFC), Africa50, la Société africaine de réassurance, Shelter-Afrique Bank, ATIDI, et d’autres. En renforçant ces alliances, nous visons à construire un écosystème financier africain cohérent capable de fournir des solutions transfrontalières à grande échelle aux défis les plus pressants en matière de commerce et de développement de l’Afrique. De même, nos partenariats renouvelés avec l’Union africaine (UA) et le Secrétariat de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) continuent de cimenter notre engagement en faveur de l’intégration continentale. Grâce à ces partenariats, Afreximbank continuera à fournir un soutien financier et institutionnel pratique pour accélérer le commerce intra-africain, l’industrialisation et la création d’un marché africain unique et prospère.
- En outre, nous restons reconnaissants de la collaboration étroite avec nos partenaires de financement du développement international, y compris la Société islamique internationale de financement du commerce (ITFC), la BADEA et plusieurs autres. Leur soutien et leur confiance ont été déterminants pour renforcer la capacité d’Afreximbank à mener à bien des projets à fort impact favorisant le commerce à travers l’Afrique. Afreximbank continuera à construire, renforcer et étendre ces partenariats, car nous savons que le succès de l’Afrique ne sera pas défini par des efforts isolés, mais par une vision partagée, des ressources partagées et un engagement commun en faveur du développement du continent.
- Les détails des programmes et interventions spécifiques prévus dans le programme défini constitueront la substance du 7e plan stratégique qui sera élaboré en 2026.
Principaux défis, menaces et opportunités
- M. le Président, honorables Ministres, Excellences, Mesdames et Messieurs, les menaces qui pèsent sur les institutions financières multilatérales africaines deviennent de plus en plus évidentes, de plus en plus hostiles ; une attaque directe contre leur statut de créancier privilégié (PCS). Cette situation représente un défi direct pour les institutions qui sont en permanence détenues et contrôlées par les Africains. Ne vous y trompez pas, c’est une attaque coordonnée contre la souveraineté africaine et contre l’existence de ces institutions, une pratique néocoloniale qui a miné le développement de l’Afrique au cours des trois derniers siècles.
- Nous sommes conscients que la réalisation de ces objectifs posera des défis. La plupart de ceux-ci seront liés à l’environnement financier, économique et politique. Afreximbank, comme la plupart des institutions financières, a mis en place des mécanismes pour répondre à ces défis et s’y adapter. En fait, votre banque a élaboré ses propres mécanismes spéciaux pour relever ces défis récurrents. C’est pourquoi elle s’est forgé une réputation d’institution anticyclique. Un nouveau type de défi particulier est apparu. Il n’est ni motivé ni justifié par l’environnement économique. Il n’est pas de nature générale. Il vise les institutions multilatérales africaines détenues et contrôlées par les Africains. Les attaques sont devenues de plus en plus hostiles.
- Ce qui est étrange et ironique, c’est que ces attaques ne sont pas dues à un échec de notre part ou au fait que nous soyons perçus comme un autre échec africain. C’est parce que nous réussissons. Plus nous devenons pertinents, plus nous sommes perçus comme perturbateurs par certains.
- On nous accuse à tort de jouer dans des domaines qui sont censés être la chasse gardée des autres, un phénomène qu’ils ont appelé de manière créative “mission drift” ou “mission creep » (dérive de mission). Certains observateurs soutiennent qu’Afreximbank devrait se limiter strictement au financement du commerce, en négligeant les réalités plus profondes du paysage économique africain. Mais cette vision repose sur une incompréhension fondamentale de notre mandat. Elle est même incompatible avec une lecture littérale de la charte d’Afreximbank. Comment l’Afrique peut-elle commercer si elle ne produit pas ? Et comment peut-elle produire sans transformer la structure même de son commerce ? Cette transformation structurelle – renforcement des capacités, facilitation de la production et renforcement des chaînes de valeur – n’est pas une dérive de mission mais bien sa mission.
- Il est regrettable que ces détracteurs semblent ignorer l’histoire et le mandat de la Banque. Pour rappel, la création d’Afreximbank repose sur l’objectif « TRANSFORMER LA STRUCTURE DU COMMERCE AFRICAIN ». Ceux qui considèrent la Banque comme un simple financeur de matières premières n’ont pas lu la Charte.
- Ensuite, il semblerait que nous n’ayons pas droit au statut de créancier privilégié que vous avez accordé à la Banque. À la différence d’autres institutions multilatérales, le statut de créancier privilégié d’Afreximbank n’est pas accordé par bonne volonté ou bienveillance des gouvernements, il est plutôt inscrit dans son Traité constitutif, signé par tous les États membres. Le traité de la Banque stipule sans équivoque qu’aucun État membre ne peut imposer de moratoire sur ses actifs ou ses prêts, ni accorder un traitement préférentiel à une autre institution internationale par rapport à la Banque.
- Ces détracteurs ont également laissé entendre que le coût de nos prêts est élevé. Par conséquent, la Banque ne mériterait pas un traitement de créancier privilégié. Mais ce qu’ils ont omis de souligner, c’est le coût réel de leurs prétendus prêts concessionnels ?
- Les conditions qui entraînent des pertes d’emplois et poussent les jeunes hommes et femmes dans la rue,
- entraînent des circonstances économiques qui créent des troubles civils et politiques,
- les réformes qui restreignent ou empêchent les investissements publics dans les secteurs productifs, tels que la valeur ajoutée et l’industrialisation ;
- et une dépendance accrue aux matières premières.
- Soyons clairs : ces attaques coordonnées témoignent de notre succès. Nous sommes en train de démanteler l’orthodoxie, de produire des résultats concrets et de fournir aux Africains des sources alternatives de financement du commerce et du développement à court et moyen terme, réduisant ainsi leur dépendance à l’égard de l’aide et des subventions qui freinent la croissance. Si le Professeur Okey Oramah, le Président Ekra, le Président Edordu et le Conseil d’administration de la Banque avaient cédé et n’avaient pas réussi à assurer le succès financier et le développement, nous n’aurions pas été confrontés à de telles attaques. Le récit aurait été le même que d’habitude : « l’incapacité de l’Afrique à gérer ses propres affaires ». Pourquoi le développement de l’Afrique constituerait-il une menace aussi grave pour les autres ?
- M. le Président, si l’Afrique veut réaliser ses ambitions en matière de commerce et de développement, accélérer la diversification des exportations, tenir les promesses de la ZLECAf et opérer la transition vers une économie plus inclusive et durable, il ne fait aucun doute que la valeur ajoutée doit être au cœur de cette démarche. Je suis convaincu qu’une base industrielle solide et intégrée est le fondement de l’avenir inclusif, durable et compétitif de l’Afrique. L’avenir de l’Afrique réside dans l’approvisionnement et la transformation des intrants de production sur le continent. En ajoutant de la valeur à ses abondantes ressources naturelles, l’Afrique peut construire des industries résilientes, approvisionner des fabricants régionaux et mondiaux et créer des emplois durables au profit de nos populations.
Allocution de clôture
- Je tiens à exprimer ma profonde gratitude à :
i) l’honorable Wale Edun ;
ii) au pays hôte ;
iii) S.E. Hassan Abdalla;
S.E. Selma Malika Haddadi;
v) ma femme et mes enfants ;
vi) la presse ;
vii) Alhadji Yusuf.
J’ai une grande famille ici et des amis qui sont comme ma famille.
- Pour conclure, je tiens à exprimer ma sincère gratitude à chacun d’entre vous. Grâce à votre partenariat continu, nous resterons déterminés. Guidés par nos principes communs et liés par une mission commune, nous nous trouvons à un moment décisif, prêts à forger ensemble le destin de l’Afrique.
Merci.